Depuis que les films sont passés d'un enregistrement analogique à un enregistrement numérique, la technique d'étalonnage des couleurs en post-production a permis aux réalisateurs et coloristes de jouer sur la texture de leurs œuvres en appliquant des filtres et en altérant les tons. L'utilisation massive des tons sépia par les frères Coen dans leur film O'Brother , sorti en 2000, est l'un des premiers exemples les plus cités.
Depuis lors, on constate une augmentation constante du nombre de films mettant l'accent sur deux couleurs spécifiques : le bleu-vert et l'orange. Mad Max. Avengers. La quasi-totalité des films de Michael Bay. Une fois que vous en avez pris conscience, impossible de ne plus le remarquer.
Transformers (2007).
Cette révolution à deux tons a suscité de vives discussions chez les spécialistes comme chez les cinéphiles. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il nous faut d'abord comprendre pourquoi ces couleurs sont tellement utilisées.
En quoi l'association des tons bleu-vert et orange fonctionne-t-elle ?
La réponse se trouve dans l'harmonie des couleurs. Sur le cercle chromatique, les couleurs orange et bleu-vert se situent à l'opposé l'une de l'autre, ce sont donc des couleurs « complémentaires ». En les réunissant, on arrive à mieux faire ressortir l'image, à la rendre vivante.
L'étalonnage peut également servir à insister intelligemment sur les aspects importants d'un film. Dans le cas qui nous intéresse, l'orange permet d'accentuer les tons de la peau ou les explosions dans un film d'action, tandis que le bleu-vert est généralement appliqué aux ombres et aux arrière-plans pour faire ressortir le contraste avec le reste de l'image.
Total Recall (2012).
Hormis ces avantages esthétiques, les réalisateurs peuvent choisir d'utiliser cette gamme de couleur pour des raisons conceptuelles. Dans un article sur le sujet, TV Tropes explique : «[...] l'orange flamboyant et le bleu glacé sont clairement associés à des concepts opposés : le feu et la glace, la terre et le ciel, le continent et la mer, le jour et la nuit, l'humanisme engagé et l'indifférence élégante, les bonnes vieilles explosions et les machines de science-fiction ».
En quoi est-ce qu'elle ne fonctionne pas ?
Le nombre de personne en profond désaccord avec cette tendance est tout aussi élevé. Certains n'y voient rien de plus qu'une forme d'hyperbole visuelle, une exagération outrancière de couleurs et de contrastes pour essayer de rendre l'image aussi éclatante que possible. Le site Web Film Junk écrit : « Si vous faites partie des personnes qui pensent que les grands studios de cinéma sont à court d'idées pour leurs scénarios, vous pouvez maintenant rejoindre celles qui pensent qu'ils sont également à court d'idées pour leurs couleurs ».
Cette obsession acharnée à vouloir tout peindre en bleu-vert et orange s'est imposée dans l'industrie cinématographique et est même devenue une habitude quasi-systématique. Presque tous les films hollywoodiens semblent utiliser les mêmes couleurs. Cette mentalité, adoptée par tous les cinéastes, risque de provoquer un désengagement de la part des réalisateurs et des coloristes dans leurs efforts pour capter l'intérêt du public.
Mad Max: Fury Road (2015).
D'autres n'en voient tout simplement pas l'intérêt. Les films ont toujours eu cette tendance naturelle à utiliser des couleurs complémentaires, alors à quoi bon vouloir persister à étalonner les couleurs ? La phrase « Pourquoi essayer de réparer ce qui n'est pas cassé ? » prend tout son sens ici.
Maintenez que vous avez pris connaissance des différents points de vue, qu'en pensez-vous ? Etes-vous fasciné par le ton orange et bleu-vert, ou vous a-t-il convaincu pour de bon de ne plus remettre les pieds dans un cinéma ? Faites-nous part de vos commentaires ci-dessous.
