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[INTERVIEW] Voici comment capturer une aurore boréale en toute simplicité

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RomainH_Sony
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Auteur: Sony Europe

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Jean-Luc Dauvergne, chef de rubrique du magazine Ciel et Espace, s'est rendu en Islande début 2015 pour observer les aurores boréales et capturer ce phénomène naturel et féérique avec l'a7s

Nous avons rencontré Jean-Luc pour tout comprendre sur les aurores boréales et pour qu'il nous raconte son expérience avec l'a7s.

 

 

 

Pouvez-vous nous expliquer simplement ce qu’est une aurore boréale ?

 

Les aurores boréales (ou australes dans l'hémisphère sud) résultent de l'interaction entre l'atmosphère terrestre et les particules émises par le Soleil, comme les protons et les électrons. En entrant dans l'atmosphère, ces particules excitent les atomes. Ceux-ci accumulent de l’énergie, et elle est réémise sous forme de lumière lorsqu'ils reviennent à leur état initial. Ainsi l'atmosphère devient lumineuse, c’est ce que l’on appelle un plasma en physique. C’est l’un des états de la matière possibles en plus des états gazeux, liquide ou solide.

 

Globalement, la Terre est protégée de ces particules par son champ magnétique. Seules quelques une parviennent à se frayer un chemin tortueux jusqu'aux régions polaires. Elles sont plus nombreuses en cas d'éruption solaire forte, et produisent alors des aurores boréale très spectaculaires. Dans des cas exceptionnelles elles sont visibles jusqu’à la latitude de la France. En plongeant dans l'atmosphère, les particules solaires sont guidées par le champ magnétique de la Terre sans cesse fluctuant. C'est ce qui explique pourquoi les aurores boréales bougent et évoluent rapidement. Elles donnent souvent l'impression de danser, … et c’est féerique. En les voyant, on comprend mieux pourquoi les Islandais croient encore massivement à l’existence d’un peuple caché sur l’île.

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Pour nos lecteurs qui aimeraient essayer d’immortaliser ce phénomène, pouvez-vous donner quelques conseils pour réussir à les capturer en photo/vidéo ?

 

Aller au bon endroit et au bon moment. Les destinations idéales depuis la France sont le nord de la Laponie et l’Islande. Il faut y aller entre le 15 septembre et le 15 avril (sinon il n’y a pas de nuit noire), en évitant les périodes de pleine Lune.
Que ce soit en vidéo ou en photo, il y a un maître mot : une optique très lumineuse est indispensable. Donc il faut partir sur des ouvertures de f/2,8 ou mieux. On mise plutôt sur des focales courtes car le phénomène occupe une bonne partie de la voûte céleste, quand ce n'est pas la totalité.

 

Pour la technique en vidéo j’y viens plus loin. En photo c’est simple, il vous faut un trépied photo, une mise au point calée sur l'infini, caler le diaph à la pleine ouverture, utiliser une sensibilité entre 2000 et 8000 iso, et appliquer un temps de pose de 2 à 30 secondes selon la luminosité de l'aurore boréale. Attention à la balance des blancs : il faut la caler en manuel, une valeur voisine de 4000°K offre un bon rendu généralement.

 

Les mouvements dans une aurore sont très variables, l'enjeu est d'essayer de les figer. C'est parfois possible en posant 10 s, mais parfois, ça va tellement vite qu'un temps de pose d'une seconde est déjà trop long ! Après, tout est affaire de compromis entre le bruit et le rendu de l'aurore.

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Pourquoi avez-vous choisi l’a7s pour ce projet ?

 

Précisément à cause du mouvement des aurores boréales. Lorsque je fais une conférence publique, je dis aux gens que par moment une aurore peut bouger très vite. Mais ça ne veut rien dire ! Vite par rapport à quoi ? Il y a encore peu, il était très frustrant de ne pas pouvoir montrer le phénomène en temps réel. Ces dernières années, quelques caméras vidéo commencent à rendre compte du phénomène en temps réel, mais le résultat n'était pas encore satisfaisant en termes de bruit. L'arrivée de l'a7s change vraiment la donne, il y a réellement un saut qualitatif notable dans les applications vidéo en basse lumière.

Pour filmer les aurores, on peut parler de révolution : l’a7s avec un 24 mm ouvert à f/2 est capable de filmer les plus faibles aurores visibles à l’œil nu ! Sachant que l’œil humain est très performant en vision nocturne en temps réel, ça a été vraiment une très bonne surprise lors de mon test de terrain.

 

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Des sensibilités jusqu'à 64 000 iso sont exploitables avec un niveau de bruit acceptable. Les mesures faites pour le test que j'ai publié dans Ciel et Espace et First Light Magazine montrent qu'au delà de cette valeur, on ne gagne plus rien. Les sensibilités supérieures n'apportent pas d'informations supplémentaires et font monter un niveau de bruit gênant, peu esthétique. Mais ne boudons pas notre plaisir : 64 000 iso exploitable en vidéo c'est une prouesse ! Ce qui s'est avéré également appréciable, c'est la possibilité d'enregistrer en vidéo avec des temps de pose plus longs que 1/25 s. Jusqu'à 1/15 à 1/20 s, les mouvements restent relativement fluides sur ce genre de scène et l’allongement du temps de pose permet de réduire encore le niveau de bruit. Pour le reste des réglages en vidéo, les conseils sont les mêmes qu'en photo : pleine ouverture et trépied indispensable. J’ajoute qu’il est conseillé d’avoir une tête vidéo si l’on souhaite se déplacer de façon fluide sur la voûte céleste. Notez qu’en tenant fermement l’appareil, l’œil rivé au viseur électronique (pour avoir un point d’appui supplémentaire), il est même envisageable de filmer à main levée. Et ce malgré l’absence de stabilisation.

 

Lorsque l'aurore est suffisamment lumineuse, il ne faut pas hésiter à diminuer la sensibilité : entre 16 000 et 32 000 iso, le bruit devient remarquablement discret, le résultat est remarquable.

 

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Ses performances en basse lumière vous permettent-elles d’envisager vos projets sous un nouvel angle ?

 

Tout à fait. Spécialiste de la photo de nuit, je suis photographe bien plus que vidéaste. Jusqu'ici lorsque l'on voulait tout de même montrer du mouvement la nuit, on utilisait la technique du time lapse, à mi-chemin entre la photo et la vidéo. L’a7s en vidéo ne va pas chasser les time lapses, mais il permet clairement d'envisager de filmer de nuit en temps réel dès lors qu'il y a au moins un croissant de Lune dans le ciel pour éclairer la scène filmée. Je suis curieux de voir comment s’en sortira l’appareil dans un désert de l’hémisphère sud par une nuit sans Lune, avec pour seule source de lumière la Voie Lactée proche du zénith, et une optique encore plus lumineuse (ouverte à f/1,4). Mon feeling me dit que le résultat peut être intéressant, mais c’est à vérifier sur le terrain !

 

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Quels sont vos prochains projets photos ?

 

L’a7s ne se distingue pas seulement en vidéo, même si c'est son gros point fort. Il est également très performant en photo de nuit. Le très faible bruit de lecture, et sa bonne sensibilité intrinsèque permettent d'extraire beaucoup d'informations dans les avant-plans d'une photo de paysage nocturne. Je vais tenter de mettre ça à profit lors d'un probable séjour au Chili prévu dans l'année. Actuellement l'appareil est en cours de modification pour étendre sa sensibilité dans le rouge. Il a été confié à l'artisan "EOS for Astro" afin de changer le filtre d'origine situé devant le capteur. Comme sur tout les reflex, celui-ci reproduit la sensibilité de l’œil humain.

 

Le problème, c'est que l’œil humain est peu performant dans le rouge. Or l'univers est composé à 92% d'hydrogène, et les nuages de gaz d'hydrogène situés dans la Voie Lactée sont rouges. La modification va permettre de rendre l’a7s environ 4 fois plus sensible dans ce domaine ! C'est également intéressant pour les aurores boréales. Si en majorité elles sont vertes, certaines sont rouges, en particulier en cas de tempête solaire forte. Et sans modification, l' a7s peine à les dévoiler en vidéo. J’espère donc pouvoir mettre de nouveau à profit cette modification sur les aurores boréales. Mais il ne faut pas tarder, l’activité solaire fluctue selon un cycle de 11 ans et nous arrivons à la fin du maximum. Il y aura moins d’aurores boréales visibles dans les prochaines années. L’hiver prochain sera encore favorable.

 

On peut espérer qu’un jour Sony commercialisera un appareil photo avec la sensibilité directement étendue dans le rouge. En effet, après une modification artisanale, les préréglages de balance des blancs (lumière du jour, nuage, …) ne sont plus utilisables. Il faut la caler manuellement. Pour des applications en astronomie on peut même rêver d’un a7s monochrome. Sans matrice de bayer, l’appareil photo gagnerait encore un facteur 3 en sensibilité ! Sur certains sujets, et pour des photos prises avec un télescope c’est intéressant, il y aurait un marché de niche pour ça. Serait-il viable économiquement ?

J’ai également un autre projet plus technique (et un peu expérimental) pour tenter de tirer pleinement parti des innovations envisageables avec l’a7s, … mais pour le moment je n’en dis pas plus ! Il fera peut être l’objet d’un prochain article dans Ciel et Espace et First Light Magazine.

 

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